Ecrivain public et posture de médiation

L'écrivain public et la posture de médiation

L'écrivain public évolue dans un cadre flou. Souvent bénévole, salarié sous contrat aidé, il se voir affectée la fonction de médiateur (social, familial, culturel...), et l'exerce dans tous les cas de manière informelle. Il intervient comme tiers et dans une optique de médiation dans le cadre de la résolution des litiges, de l'accès à l'écrit, à l'outil informatique et à internet, et en tant qu'organe d'expression populaire. C'est pourquoi l'on adopte souvent le terme médiateur de l'écrit lorsque l'on évoque la fonction d'Ecrivain public. 

En pratique et si l'on s'en tient aux règles et à la déontologie de la fonction dégagée depuis l'apparition des premiers médiateurs sociaux, l'on s'aperçoit que de nombreuses pratiques sont similaires dans le cadre d'interventions de médiation et d'interventions de facilitation administrative ou d'écriture publique. Notamment la posture inaliénable de tiers, vis-à-vis des différentes parties en présence, se retrouve naturellement parmi les deux fonctions, comme l'obligation de confidentialité et le devoir de discrétion. 

L'apport des Femmes-Relais
et des premiers médiateurs sociaux

La médiation apparaît en France en tant que fonction sociale dans les années 1990, sous la forme des "Grands-Frères" qui viennent, de manière très informelle , répondre aux besoins spécifiques des Zones urbaines sensibles (ZUS) dont ils proviennent. Un manque de formation, de professionnalisation, de nombreuses dérives, ont conduit à la disparition des Grands-Frères, au profit des Femmes-Relais. Issues de l'immigration, ces femmes se sont spontanément organisées pour accompagner leurs voisins dans leurs démarches courantes. 

Depuis lors, la médiation sociale reste souvent assimilée à des emplois précaires (majoritairement des contrats aidés), et sa professionnalisation reste soumise à la pérennisation des postes de médiateurs en fonction. Cependant, un groupe de travail interministériel a conduit différents travaux qui ont permis de dégager les grands axes de la fonction (référentiel d'activités, de compétences, Charte de référence de la médiation sociale). En 2008, l'organisme France Médiation, réseau d'acteurs de la médiation sociale, voit le jour. 

La posture inaliénable de "tiers"

La Charte de référence de la médiation sociale d’octobre 2001, avec les Principes déontologiques des femmes-relais des médiatrices sociales et culturelles, constitue le seul cadre déontologique reconnu par les pouvoirs publics en terme de médiation sociale. Ces textes issus des retours sur expériences et des pratiques dégagées sur le terrain, constituent une base éclairante quant aux postures spécifiques de la médiation. En tête desquelles la posture inaliénable de tiers, indépendant, neutre vis-à-vis de ses interlocuteurs, auxquels il ne se substitue en aucun cas. Cette posture est particulièrement requise dans le cadre de la résolution des litiges, et distingue la démarche de médiation d'une conciliation ou d'un arbitrage (voir encadrés en bas de page). Elle assure en outre à l'Ecrivain public qu'il ne sera pas instrumentalisé par l'une ou l'autre des parties. Parties dont la libre adhésion au processus de médiation est indispensable, notamment dans le cadre de la résolution des litiges. 

L'aspect spécifique de la "réponse différée",
inhérente à l'échange de correspondance

La gestion de conflits et litiges diffère, pour l'Ecrivain public, en ce sens qu'elle porte toujours sur un temps et une réponse "différés". Alors que le médiateur social intervient sur un conflit soit en temps réel, soit en rencontrant séparément les différentes parties et en adoptant un rôle de navette, l'Ecrivain public, par le caractère écrit de son intervention, donc soumis à un délai de réponse, intervient systématiquement sur un conflit en temps différé. Il peut ainsi limiter l'influence des tempéraments respectifs des protagonistes lorsqu'ils sont amenés à faire part de leurs désaccords, doléances, litiges, conflits, indignation, qui pourrait influencer de manière défavorable la résolution du litige. Cependant, il n'éteint en rien ni ne minimise le ressenti des parties face à la situation qu'elles traversent. Il les livre simplement, de manière écrite et différée, dans une forme qui veille au respect des deux parties. Ainsi, dans le cadre de la rédaction d'un courrier pour la résolution d'un litige, il veillera à travailler sous deux axes : il évoquera la situation factuelle et les réclamations et/ou propositions de son interlocuteur pour en sortir, mais aussi la manière dont son interlocuteur a ressenti les effets de la situation litigieuse sur son quotidien, les sentiments que cela a généré chez lui, chez son entourage. L'Ecrivain public est donc l'interface qui peut être amenée à recueillir une certaine forme d'aigreur chez son interlocuteur, une certaine colère, une incompréhension. C'est "l'écriture" qu'il fera des sentiments et du ressenti des parties qui leur permettra de prendre conscience de la partie factuelle, matérielle de leur situation (les événements, les éléments), et de sa dimension humaine, de manière distincte. Elle permet enfin d'établir ou de restaurer, pour peu qu'il ait été rompu par la situation de conflit, un lien d'empathie, de compréhension mutuelle entre les parties, propre à la mise en place d'accords pérennes. 

Le processus
de médiation

Mode alternatif de résolution des conflits parfois assimilé à une procédure, lorsqu'elle est prévue par des textes législatifs, la médiation est néanmoins unanimement considérée comme devant respecter un processus spécifique d'accompagnement.
Elle place le médiateur comme intermédiaire neutre dans les relations, et n'est ni coercitive, ni contraignante. Elle repose sur la libre adhésion des parties,   instrumente la qualité relationnelle et de communication. Selon le syndicat de médiateurs, la médiation est le seul moyen assisté par un tiers qui promeut la liberté de décision des protagonistes.

Le processus
de conciliation

La conciliation est une procédure visant à un accord des parties opposées par un litige avant l'intervention d'une décision potentiellement contraignante.
Elle peut être prévue par un accord d'entreprise ou par une convention collective, sinon elle est de nature législative ou réglementaire. Les parties comparaissent devant une commission composée de représentants des employeurs, des salariés et des pouvoirs publics en vue de trouver un accord. À l'issue de la conciliation, un procès verbal est dressé constatant l'accord ou le désaccord partiel ou total des deux parties.

Le processus d'arbitrage

L'arbitrage est un mode alternatif de résolution des conflits, dans lequel un arbitre intervient pour prendre des décisions qui engagent les deux parties qui font appel à ses services. C'est un mode non étatique de règlement des litiges. L'arbitrage intervient par l'intermédiaire d'un tribunal arbitral composé d'un ou plusieurs arbitres (en général trois). L'arbitre est un véritable juge dont la décision s'impose aux plaideurs. L'arbitrage permet donc de régler un litige (sans passer par les tribunaux de l'État mais par une juridiction arbitrale), en confiant le différend à un ou des particuliers choisis par les parties.

Le processus de négociation

La négociation est la recherche d'un accord, centrée sur des intérêts matériels ou des enjeux quantifiables entre deux ou plusieurs interlocuteurs (on ne négocie pas avec soi-même, on délibère), dans un temps limité. Cette recherche d'accord implique la confrontation d'intérêts incompatibles sur divers points, que chaque interlocuteur va tenter de rendre compatibles par un jeu de concessions. La négociation peut aboutir à un échec ou à un accord. Une négociation qui se déroule en mode coopératif conduit en général à un accord dans lequel les deux parties s'estiment gagnantes (gagnant-gagnant).


En bref, le médiateur favorise l'émergence d'une solution commune, le conciliateur fait des propositions selon son cadre de référence ou celui qu'il considère être celui des parties, le négociateur représente l'une des parties, l'arbitre ou juge rend une décision.

La médiation...

...est un processus amiable et confidentiel de résolution des conflits. Il se distingue de la conciliation et de l'arbitrage (voir encadrés en bas de page).

Le rôle
du médiateur...

...consiste à gérer un conflit. Ce professionnel neutre, indépendant et impartial aide les protagonistes du conflit à trouver ensemble une réponse à la situation, jusqu’à la finalisation d’un accord mutuel.

Le médiateur
social...

...conçoit une médiation préventive par une veille dans les espaces publics et/ou ouverts au public. Il intervient sur les situations de dysfonctionnements en matière de biens et d’équipements publics. Il assure une mission de veille sociale et régule les conflits par le dialogue. Enfin, il intervient en interface entre les publics et les institutions.

La médiation sociale...

...Une définition a été adoptée en septembre 2000, lors du séminaire européen organisé par la DIV et la Communauté européenne. Elle est aujourd’hui reconnue par l’ensemble de la profession. « La médiation sociale est un processus de création et de réparation du lien social et de règlement des conflits de la vie quotidienne, dans lequel un tiers impartial et indépendant tente, à travers l’organisation d’échanges entre les personnes ou les institutions, de les aider à améliorer une relation ou de régler un conflit qui les oppose ».

Le rôle
du médiateur social...

...consiste à assurer une présence active de proximité, à gérer les conflits en temps réel ou sur un temps différé, à assurer une veille sociale territoriale, à mettre en relation avec des partenaires, à établir une concertation entre habitants et institutions, à assurer une veille technique, la facilitation et/ou la gestion de projets, la sensibilisation et/ou la formation, l'intermédiation culturelle.

La médiation institutionnelle...

...est un mode alternatif de résolution des litiges. Elle peut être mise en œuvre pour tenter d’éviter une action en justice et pour régler des litiges individuels entre les personnes physiques ou morales et les entreprises ou institutions. Gratuite, d’accès libre, elle intervient lorsque les autres recours internes sont épuisés.

Le médiateur institutionnel...

...est nommé par les pouvoirs publics. Il favorise le règlement de différends, de type juridico-techniques, entre administrés, usagers ou consommateurs, avec les institutions ou organisations.

L'Ombudsman...

...désigne dans de nombreux pays l'équivalent de la fonction de médiateur de la République, de Protecteur du citoyen (pays francophones), de défenseur du peuple, ou encore de défenseur du citoyen.


Principaux portails au service de la médiation

Tous ces médias numériques sont faits par des médiateurs, pour les médiateurs et les personnes intéressées par la fonction de médiation. Ils diffusent de nombreuses actualités autour des pratiques, de la reconnaissance du métiers, des formations et voies d'accès à la fonction.

Francemediation.fr
Le portail de la médiation sociale

France Médiation et un réseau d'acteurs de la médiation sociale. L'organisme s'intéresse donc à la médiation sociale sur l'espace public, à la médiation dans les transports en commun, à la médiation interculturelle et à la médiation dans les points services aux particuliers. Le site est doté d'un historique détaillé et d'un référentiel d'activités de la médiation sociale. Son espace "Ressources" regroupe l'ensemble des publications autour de la médiation sociale : www.francemediation.fr

Wikimediation.org
La médiation a enfin son Wiki

A la fois encyclopédie dédiée et observatoire international, le portail WikiMédiation se consacre à la médiation dans toutes ses orientations. Organisé de manière thématique, il est doté d'un forum de discussion, riche en articles et en liens, et d'un annuaire des médiateurs. Il comporte même une rubrique "Humour" qui dans laquelle les médiateurs en fonction ne manqueront pas d'y reconnaître quelques-unes des situations sur lesquelles ils ont pu intervenir. www.wikimediation.org

Clubdesmediateurs.fr
Le portail de la médiation institutionnelle

Ce portail présente la médiation institutionnelle et ses différentes représentations. Il est doté d'un agenda "intelligent" des médiateurs et services de médations attachés aux organismes : le Défenseur des Droits (ex-Médiateur de la République), le Médiateur de l'Autorité des marchés financiers, le Médiateur des Assurances, le Médiateur de l'Education nationale... Sa rubrique "Documents" regroupe les rapports d'activité des principaux médiateurs : www.clubdesmediateurs.fr

Mediatoroscope.com
Toute l'actualité autour de la médiation

En ligne depuis 2005, l’Officiel de la Médiation Professionnelle, le Médiatoroscope, “regard sur la médiation”, est une publication électronique spécialisée sur la médiation dans son ensemble et plus spécifiquement sur la médiation professionnelle. Il est l’organe rédactionnel de l’observatoire international de la médiation, WikiMediation.org. Salons, initiatives et projets autour de la médiation (médiation familiale, médiation et justice pénale, civile...) : www.mediatoroscope.com

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