La permanence des règles de l'écriture
comme masque des mutations sociétales

"Le code graphique a été édifié dans les pratiques d'écriture et les formes sociales scripturales, en particulier dans les formes politiques et pédagogiques des relations sociales qui caractérisent la France de la modernité. L'orthographe a été fixée dans un processus complexe d'institutionnalisation au cours duquel interviennent différents types d'acteurs sur l'ensemble de la scène publique. Mais ce code et l'institution qui ne font qu'un corps pourraient n'être qu'une pièce de musée, monuments d'archéologie, survivances exotiques, ou vague souvenir de l'école de nos grands-pères. Or, il semble que non seulement l'idée du code et de l'institution orthographe n'aient pas disparu, mais que le code lui-même soit resté à peu de choses près dans l'état où l'enseignaient les instituteurs du début du siècle. Si le code se maintient et si l'institution reste vivante, cela ne signifie pas qu'ils n'aient pas changé de sens en quelques décennies : au contraire, sous l'apparente continuité, ils se sont profondément transformés. La permanence du code et son apparente immuabilité ne doivent-elles pas masquer les mutations de la culture, de l'univers de l'écriture, de la société politique et de l'école d'aujourd'hui, dans lesquelles les usaqes de l'orthographe se construisent ?", interroge Bernadette Wynants (L'Orthographe, une norme sociale). Et de reprendre : "Ces mutations, si elles n'ont pas réussi à détruire le code ni à en transformer le corpus de normes, ont cependant contribué à lui donner un sens différent dans l'expérience de nos contemporains, enseignants, écoliers, écrivains, politiques, employeurs, éditeurs, citoyens...

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