Formel, informel

Ecrivain public

De la pratique informelle
à la renaissance d'une fonction


Si le métier d'écrivain public avait bel et bien disparu, la pratique de l'écriture publique, elle, n'a jamais été en reste. Elle est fonction du degré d'accès à l'éducation des classes populaires des sociétés, et de la présence, ou non, d'une classe "lettrée". 

Si scribes et écrivains publics ont pour un temps été oubliés, ils ont été remplacés par les acteurs informels, souvent bénévoles, de l'accompagnement. Autrement dit, nous avons tous été écrivains publics informels à un moment ou à un autre de notre vie. Qu'il s'agisse d'aider la voisine à écrire une lettre au professeur de son fils, la filleule à tourner une lettre de motivation, un ami à remplir sa déclaration d'impôts, nous avons, pendant une demi-heure, une heure, une journée, assumé cette fonction d'écrivain public, sur laquelle nous nous interrogeons tant elle demeure floue, du fait d'un champ d'action élargi et qui revêt de multiples formes. 

Contrairement aux scribes et aux premiers écrivains publics, l'écrivain public moderne a dépassé la simple maîtrise de l'écrit. 


Une action porteuse par sa polyvalence

De l'organisation d'ateliers d'écritures à l'animation de permanences d'accueil, l'écrivain public emprunte au juriste quelques notions de droits, au travailleur social sa connaissance des dispositifs, à l'auteur sa maîtrise du Français, au secrétaire sa pratique des outils bureautiques, et fonctionne souvent comme un guichet unique autour des droits et démarches, avec un rôle de référent. Ainsi, la plupart des salariés du milieu associatif social, dès lors qu'ils sont en contact avec leurs adhérents, exercent un rôle informel d'écrivain public. A noter que les travailleurs sociaux et agents de droit sont les premiers écrivains publics informels. 

Ses compétences s'étendent désormais à l'ensemble des outils bureautiques et informatiques. Si l'on se tourne toujours vers un écrivain public pour sa capacité à rédiger de manière élégante, on le consulte aussi, aujourd'hui, pour des prestations de mise en page, ou d'interface dans le cadre l'utilisation des réseaux informatiques et des nouveaux médias. Car si le SNPCE (Syndicat national des prestataires et conseils en écriture), relève que 56 % des écrivains publics ne travaillent pas plus de 16 h par semaine dans le cadre de leur métier stricto sensu, la rémunération d'un écrivain public indépendant, si celui-ci se limite à la fonction d'écriture publique, ne rémunère que trop peu qui s'y dédie pleinement (420 à 600 € brut mensuels), ce qui l'oblige à orienter une partie de son activité vers des fonctions connexes (secrétariat, bureautique, travaux des métiers de l'édition comme la réécriture de manuscrits, dispense de formation et d'ateliers autour de la pratique de l'écriture, de la mise en page, de la bureautique...). 

Des écrivains publics informels parmi les fonctions administratives et sociales

Par symétrie et tout naturellement, les professions connexes à celle d'écrivain public (secrétariat, métiers de la communication, de l'édition, du journalisme, du droit, de l'accompagnement social, métiers en lien avec les réseaux informatiques, la bureautique...) sont intéressées à la fonction d'écriture publique, à un titre plus ou moins large. Ainsi, par leur pratique et leur action au quotidien, leur rôle de médiateur et de facilitateur pour ce qui est de la résolution des litige, leur travail d'auxiliaire dans le cadre de l'accompagnement aux démarches, de nombreuses personnes sont écrivains publics informels. La plupart des bénévoles et des travailleurs des associations à vocation sociale peuvent se reconnaître dans la fonction d'écrivain public pour avoir accompagné de nombreuses personnes dans leurs démarches courantes, ou dans la rédaction de leurs courriers.

Des écrivains publics informels parmi les bénévoles des associations

Parmi les bénévoles des associations qui ont un rôle social où humanitaire effectif, l'on retrouve une fonction d'écrivain public qui se pratique là encore de manière informelle. Ainsi, il n'est pas rare de découvrir qu'un bénévole chargé de redistribuer des vêtements où des denrées accompagne, en fonction des besoins, les personnes en difficulté face à une démarche, sans pour autant avoir le titre d'écrivain public ni même être conscients qu'ils exercent un tel rôle. Ils acquièrent, de fait, au fil de la pratique et sur le terrain, une certaine aptitude à l'accompagnement aux démarches. 

Des professions connexes où la fonction d'écriture publique est bien présente

Parmi les employés des collectivités et des organismes administratifs, les agents et adjoints administratif ou d'accueil, les employés municipaux au contact de la population exercent tous, eux aussi, à titre plus ou moins précis, le rôle d'écrivain public. Un rôle plus marqué parmi les adjoints et agents administratifs, mais qui est aussi réellement exercé, de manière plus ou moins consciente, par la quasi totalité des fonctions d'accueil du public.

Des écrivains publics professionnels qui peinent encore à trouver leurs marques

L'écrivain public apparaissant avant tout sous statut de travailleur indépendant, de profession libérale ou d'entrepreneur individuel, par sa position de tiers facilitateur des démarches et d'organes de résolution amiable des litiges commence d'intéresser les collectivités et organismes sociaux, qui s'adjoignent de plus en plus largement de les services d'écrivains publics, qu'ils mettent gratuitement à disposition de la population. Il faut dire qu'en tant que professionnel isolé, l'écrivain public peine à trouver ses marques et ses usagers. Selon le SNPCE (Syndicat national des prestataires et conseils en écriture), 56 % des écrivains publics ne travaillent pas plus de 16 h par semaine dans le cadre de leur métier...

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