Flora Tristan

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Féminisme

Flora Tristan, fondements d'une réflexion autour de la condition féminine

Quel est le point commun entre les Femen et la grand-mère de Paul Gauguin ? Certains d'entre vous doivent en avoir une vague idée, si je précise ici que la grand-mère du fameux peintre s'appelait Flora Tristan.

Un beau soir d’été, lors d’une conversation avec une amie vénézuélienne, féministe sud-américaine, me voilà transportée dans une conversation révélatrice sur les origines du féminisme au XIXesiècle. Cette amie avait dans les années 1980, dû écrire au Procureur de la République et payer un avocat pour conserver son nom de famille après son premier mariage. Cet aparté est placé là comme simple mise en perspective.

Au XIXe siècle donc, les femmes étaient les filles de leurs parents avant leur mariage et les femmes de leurs maris après. Elles passaient du « nom du père » à celui du mari, dans une société exclusivement patriarcale. Leur pierre tombale, très souvent, indiquait seulement les noms et prénoms de leurs maris, précédés d’un Madame pour indiquer tout de même qu’il s’agissait bien de l’épouse et non du Maître Tout Puissant. 

En aparté encore, promenez-vous dans un cimetière ancien et observez les tombes. Vous y trouverez bien souvent des inscriptions comme Madame Louis Dubois ou Madame Jean Sergent … Désolant.

L’homme le plus opprimé peut opprimer un être, qui est sa femme. Elle est le prolétaire du prolétaire même

Elles n’avaient pas de droit de vote, quelle idée ? Comment auraient-elles pu avoir la moindre position politique fondée ? Chacun pensait alors qu’elles voteraient forcément ce que le prêtre leur dirait de voter au dernier sermon et point du tout cela dans la République Française !

Elles perdaient leur identité, leur nom, leur vie et leur héritage qui revenait entièrement à leur mari. Les femmes n’avaient pas le droit à un compte en banque, là encore, quelle idée ? Comment auraient-elles pu gérer un budget ? Aux yeux des hommes de l’époque, elles n’étaient que des enfants mises sur terre pour leur faire des enfants et ainsi allait le monde : Hallelujah !

Flora est née fille naturelle, en France, en 1804. Elle a bien un père, aristocrate péruvien, mais il a omis d’épousé officiellement sa mère. A sa mort, il laisse sa famille dans la plus grande misère. Flora travaille tôt, se marie, fait deux filles, prend des coups et même de sérieux coups et s’enfuie, poursuivie par un mari vengeur. Elle se réfugie en Angleterre où elle s’initie au saint-simonisme, qui se présente comme un Nouveau Christianisme : il faut accroître le bonheur social du pauvre ! Puis elle part au Pérou, sur les traces de ses origines paternelles. Mais sa famille péruvienne n’a aucune velléité à accueillir une bâtarde.

Que lui reste-il ? Se battre et écrire. Elle publie De la nécessité de faire bon accueil aux femmes étrangères : il faut que les femmes s’instruisent. Il faut que les femmes s’unissent. Nous sommes en 1835. Son mari enlève une de ses filles, puis tente de l’abattre à coups de révolver. Il prend 20 ans de travaux forcés et elle obtient la séparation de corps. En 1837, elle écrit Les Pérégrinations d'une paria. En 1843, cinq ans avant le Manifeste du Parti communiste, elle publie l’Union ouvrière . Elle meurt en 1844. Un extrait de son œuvre résume substantiellement son combat : « L’homme le plus opprimé peut opprimer un être, qui est sa femme. Elle est le prolétaire du prolétaire même », L’Union Ouvrière – 1843.

Evelyne Marie Ropert


Sources
Centre de Documentation, Bibliothèque et Archives pour l'Egalité des Chances, le Féminisme et les Etudes Féministes
Encyclopédie Universelle

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