Femen

Les amazones ukrainiennes prennent Paris

Faire la promotion de la démocratie, de la liberté de la presse, des droits des femmes, de la protection de l'environnement, s'élever contre la prostitution, le tourisme sexuel, les agences matrimoniales internationales, le sexisme, la pornographie, la violence conjugale, le racisme, la pauvreté, et faire la part belle à la nudité. 

On les connaît parce qu'elles ont fait un buzz. Poitrine au vent, les activistes du Femen représentent, avec la « marche des salopes » (mouvement né au Canada en 2010) la nouvelle vague féministe, maîtrisent parfaitement l'outil marketing, sont fières d'être blondes et belles. Contestataires, imprévisibles, décalées et corrosives, elles misent sur la provocation, et ça marche ! Depuis 2008, leurs actions sont systématiquement relayées. Leurs provocations interpellent ; elles ne sont pas sans fond. Comment oublier leur "grand nettoyage", place des Vosges, devant la porte de DSK, en octobre 2010 ? C'est en soubrettes déjantées qu'elles dénoncent, de la manière la plus piquante, sous la forme la plus crue et la plus satyrique, le harcèlement sexuel et la corruption. À l'automne 2010, des membres de FEMEN se dénudent devant l'ambassade d'Iran pour exprimer leur solidarité avec Sakineh Mohammadi Ashtiani, Iranienne accusée d'adultère à Téhéran et condamnée à la lapidation. Elles manifestent aux JO de Londres, toujours seins nus et bariolées,pour protester contre l'autorisation donnée à une judokate saoudienne de porter le voile pendant la compétition. Leurs actions sont nombreuses et internationales.

Une école de l'activisme au féminin ouvre ses portes à Paris

Les Femen, ces féministes ukrainiennes adeptes des manifestations seins nus, ont fait escale à Paris. Leur objectif : s'implanter en France, loin de la répression qu'elles subissent dans leurs pays, et ouvrir, en lien avec le mouvement "Ni putes, ni soumises", un nouveau centre de partage pédagogique. "Nous allons entraîner les femmes moralement et physiquement", déclare Alexandra Schevchenko, membre du Femen. "Nous allons les préparer à faire des choses vraiment folles, parce que notre manière de manifester n'a rien de classique, c'est du nouveau féminisme." "Sors, déshabille-toi et gagne", une devise que les femen appliquent à la lettre. Aux Etats-Unis, en Russie, en Italie, en Arabie Saoudite, en Géorgie, en France, en Belgique, les amazones Femen font parler d'elles. Tandis qu'en Ukraine, elles ont à faire face à la censure (page Facebook supprimée) et à la répression, à l'arrestation de leurs membres et à la perquisition de leurs domiciles.

"Sors, déshabille-toi et gagne"

Fortes de leur devise, elles envisagent, en 2010, deux ans après la naissance du mouvement, de fonder leur propre parti politique afin d'être représentées à l'occasion des parlementaires de 2012. Anna Hutsol, fondatrice du mouvement, indique avoir été influencée par La Femme et le socialisme (1883), de l'« agitateur » socialiste allemand August Bebel. Exit la féministe à lunettes, aux cheveux court, aux tenues confortables, au discours construit... La nouvelle féministe n'est "Ni pute, ni soumise", entre bimbo décolorée et amazone dépoitraillée topless, qui s'habille en soubrette pour laver à grandes eaux l'entrée de l'immeuble d'un politique pris en faute. Mais les nouvelles formes du féministes, incarnés dans les mouvements Chiennes de garde et Ni putes,ni soumises, prennent un tour plus ... et ne se limitent plus à la question féminine ; il s'agit de lutter contre toutes les oppressions. Les femmes ne représentent plus seulement les femmes, mais tous les individus.