02 - Quand il ne fait pas bon être surdoué

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Ne pas confondre niveau de QI et degré d'intelligence

Le QI ne suffit pas à définir l'intelligence, encore moins la précocité ou la surdouance. Pourtant, quand on parle d'un enfant surdoué, c'est bien son QI que l'on met immédiatement en avant, avec un soin particulier à souligner la performance de l'intelligence au dépens de son mode de fonctionnement (performance contre qualité).

Le test de QI, effectué à un moment-clé dans un contexte particulier relève une performance intellectuelle sans tenir compte d'aucun facteur de variabilité. D'autant que lorsqu'il sait être suspecté de précocité intellectuelle, l'enfant pourra développer une angoisse particulière au moment de subir un test de QI chronométré dont il sait qu'il servira, par la suite et pour un temps indéfini, de seule référence pour qualifier son intelligence. L'enfant est-il supérieurement intelligent ? Inférieurement intelligent ? De combien de points ? Autant de facteurs réducteurs lorsque l'on sait les diverses facettes et formes que revêt l'intelligence, à quel point elle peut-être spécifique. L'on pourrait dire qu'il y a autant de forme d'intelligence, autant de manière d'exercer son intelligence, que d'individus.
Enfin, dès lors qu'il est dépisté, le doué, le précoce, le "zèbre" est soumis aux attentes, fortes, de son entourage. Il doit être performant, mais pas seulement. L'on exige également du surdoué un certain savoir, une certaine connaissance, qui ne relève pas de l'intelligence mais de la culture. Il n'y a rien de pire pour une personne réputée surdouée que de s'entendre dire : "Bah alors, tu ne sais pas ?"

Cette infographie illustre bien le caractère multiple et polymorphe de l'intelligence. Elle a été conçu par Olivier Legrand, concepteur pédagogique multimédia, qui publie sur son blog de nombreux articles enrichissants sur la pédagogie, l'elearning et la culture multimédia.

 

Vers une meilleure approche de la précocité intellectuelle

La société a donc encore beaucoup de travail à accomplir dans la manière dont elle appréhende la précocité intellectuelle. Encore qu'aujourd'hui la société se rapproche de ses surdoués, qu'elle dépiste relativement tôt et auxquels elle tend à s'adapter. Si le regard sur les surdoués a évolué, reste que les enfants surdoués sont encore, dans de nombreux cas, en situation de souffrance scolaire. La circulaire d'orientation et de préparation de la rentrée 2013 (bulletin officiel n° 15 du 11 avril 2013), précise dans son paragraphe III.3, alinéa 6 qu'une "attention particulière devra être accordée aux élèves intellectuellement précoces (EIP), pour qu'ils puissent également être scolarisés en milieu ordinaire. A cet effet, dès la rentrée 2013, chaque enseignant accueillant dans sa classe un élève intellectuellement précoce aura à sa disposition sur Éduscol un module de formation à cette problématique." 1,25% des élèves seraient concernés.

Les parents sont associés à cette prise en charge personnalisée des élèves. Il s’agit dans un premier temps de travailler sur le relationnel pur (aide à l’inté­gration, à la socialisation, au rapport à l’autre : pairs, autres élèves, adultes) puis sur le relationnel cognitif (aide au positionnement dans l’établissement et le groupe classe, rapport aux apprentissages scolaires et à la production…).

L'académie de Créteil n'a pas attendu la parution de la circulaire, puisque depuis 2006, elle développe un programme spécifique de prise en charge et d'accompagnement des EIP, et déploie un dispositif expérimental au collège Jean Charcot de Joinville-le-Pont, ou les enfants précoces sont affectés au collège, parfois en cours d'année scolaire. "Le projet pédagogique de l’établissement concerne en priorité les enfants que le phénomène de haut potentiel met en difficulté. Il a notamment la vocation de mettre en place des pratiques innovantes visant à tirer vers le haut les compétences négligées par les élèves qui, parfois, refu­sent l’effort et se concentrent davantage sur leurs facilités. Il s’agit donc de déve­lopper les particularités propres des ces élèves tout en les maintenant dans leur environnementsocialetenleurpermettant de mieux s’y intégrer. Le projet doit concourir au bien-être des élèves et faciliter leur épanouissement. Les tests laissant de côté le potentiel de créativité et les talents particuliers dont la corré­lation avec la réussite scolaire est faible, un programme personnalisé de réussite éducative (et non uniquement scolaire) estmisenœuvreenutilisantlesdomaines d’excellence comme levier pour travailler les compétences non acquises. (...) Les parents sont associés à cette prise en charge personnalisée des élèves. Il s’agit dans un premier temps de travailler sur le relationnel pur (aide à l’inté­gration, à la socialisation, au rapport à l’autre : pairs, autres élèves, adultes) puis sur le relationnel cognitif (aide au positionnement dans l’établissement et le groupe classe, rapport aux apprentissages scolaires et à la production…). Une structure dérogatoire est définie en accord avec les autorités académi­ques, elle peut concerner l’alignement des langues pour la constitution de groupes de niveau, un découpage en module des disciplines scientifiques ou encore la possibilité d’adapter l’emploi du temps aux besoins de chacun. (...) Il s’agit, pour chacun, de trouver une motivation pour le travail scolaire ou parfois même une voie de réconciliation avec l’école."

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