03 - Quand il ne fait pas bon être surdoué

Quand l'intelligence handicape
Disons-le une fois pour toutes, la surdouance est une maladie. Elle s'accompagne de diffférents symptômes, qui cumulés constituent de véritables handicaps. D'ailleurs, il existe plusieurs formes de précocité intellectuelle, qui se distinguent selon les symptômes qui les illustrent. Dont le plus général est cette incapacité à contrôler le flux de ses réflexions, à cogiter même lorsque l'on voudrait "stopper la machine", cette sorte d'emballement cérébral auquel le précoce est soumis, et peut constituer une véritable torture psychologique.
Cette torture, l'on ne se l'inflige pas à soi-même, on la subit. "L'hypersensibilité nourrit indéniablement la réflexion et la créativité, mais elle a un revers auquel on ne pense pas forcément : elle crée un afflux permanent d'informations qui empêche le cerveau de se reposer, et favorise un épuisement nerveux et physique ainsi qu'un décalage social", indique Cécile Bost dans Différence et souffrance de l'adulte surdoué : "Les neurosciences mettent en lumière l'hyperexcitabilité du système lymbique et en particulier de l'amygdale(1) (où se forment les émotions) dans cette population particulière. L'hypersensibilité correspond à une extrême sensibilité nerveuse, une capacité impressionnante, invalidante parfois, de surréaction de la part des cinq sens, centrale dans la vie d'un surdoué."
L'hypersensibilité correspond à une extrême sensibilité nerveuse, une capacité impressionnante, invalidante parfois, de surréaction de la part des cinq sens, centrale dans la vie d'un surdoué", Cécile Bost, Différence et souffrance de l''adulte surdoué
Et de reprendre : "Pour ce qui me concerne, je souffre de nombreuses hypersensibilités : dès que la luminosité est un peu trop forte, je me mets à pleurer, j'ai toujours mes lunettes de soleil sous la main. Déjeuner dans un restaurant bruyant est un calvaire : la voix de mon interlocuteur est noyée dans tous les bruits, je n'arrive pas à entendre, je fais systématiquement répéter... ou alors de guerre lasse, je tente de suivre les propos de mon interlocuteur en me référant à ses mimiques et aux sons que je capte et que j'arrive à reconstituer en mots. A un moment, j'ai même pensé que j'étais sourde. Le résultat de l'audiogramme indiquait que mon ouïe était excellente, que j'entendais tous les bruits, mais que j'étais incapable de les hiérarchiser. (...) Les basses pressions aussi m'assomment, elles m'empêchent de respirer, je suis en état de malaise quasi-permanent."
(1) Amygdale cérébelleuse, située à l'arrière du cerveau, à ne pas confondre avec les amygdales palatines, situées au fond de la gorge, et qui n'ont rien à voir avec la formation des émotions (cf. Cécile Bost, Différence et souffrance de l'adulte surdoué).
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